Dans le fond, que cherche-t-on en venant au théâtre ? Entrer dans la salle sombre et disparaître ensemble le temps d’un voyage sensoriel, visuel, émotionnel ? Une expérience artistique ? Un moment d’émerveillement pour garder son âme d’enfant ? Déclencher un sourire, une larme ? Une respiration à partager ensemble ? Éprouver un sentiment de vertige ? Sentir ce petit déséquilibre et être prêt à l’étourdissement ? Ou tout simplement pénétrer dans un temps suspendu. Y entendre les mots et les écritures d’aujourd’hui. Écouter le silence. Savourer des temps forts, des sujets mordants ou poétiques. Expérimenter la légèreté ou le rire qui pourraient être considérés comme un brin provocateurs face à l’emballement affolant de notre société, face aux soubresauts réguliers de l’actualité. Vivre une expérience artistique, seul ou avec d’autres spectateurs, n’est-ce pas aussi la force de créer en nous des sentiments, des envies de réagir face à la réalité de ce monde sens dessus dessous ? Le théâtre est un art poétique généreux, obstiné, qui ne se laisse pas intimider par cette réalité, qui s’en fait l’écho par des moyens habiles et détournés sans jamais en être l’otage. Il nous invite à devenir plus conscients, plus humains, sans doute plus attentifs et vigilants.

Et puis il y a vous, public, toujours présent, avec votre regard confiant et amical, votre goût secret du vertige et de l’insolite ou votre rire troublé face à l’inattendue beauté. Parce qu’aller au théâtre — partager une œuvre de création — c’est se confronter à une expérience esthétique dans laquelle, à la fois, notre intelligence et notre sensibilité sont stimulées, sans que l’on comprenne exactement comment et pourquoi ! Besoin irrépressible de la

partager avec les gens qu’on aime, son époux, sa chérie, un ami, sa mère, un voisin de fauteuil ! Le théâtre ancre en nous durablement des sensations qui paraissent éphémères et pourtant...

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Xavier Hérédia et Peggy Mahieu